Paroles autour de la peur
Mardi 6 septembre
L'atelier se déroule aujourd'hui avec seize élémentaires (CM1-CM2). A eux encore, je demande qu'ils me disent une petite et une grosse peur. Au préalable, je leur avais expliqué le principe du cercle de parole [tout ce que l'on dit ici doit être réellement écouté et respecté] et du bâton de parole [tant que la personne tient le bâton de parole dans les mains, elle est la seule à parler].
Plusieurs enfants évoquent leur peur de mourir, la peur d'être seul dans son lit dans le noir ...
Mardi 13 septembre
Une semaine est passée et je retrouve le groupe. Plusieurs belles surprises m'attendaient : un premier petit garçon, qui m'avait paru agité et pas forcément concentré la première fois vient me voir et me dit, le sourire aux lèvres : "Tu sais Eva, le soir après l'atelier de yoga la dernière fois, j'ai fait du yoga dans mon lit et je n'ai pas eu peur de dormir !". Un deuxième garçon le rejoint et enchaîne : "Moi, j'avais peur de mourir tu te rappelles ? Eh bien, après l'atelier, j'ai demandé à mes parents d'aller au cimetière et ça m'a fait du bien." Plus tard dans l'atelier, un jeune garçon m'explique : "Moi, j'ai peur de l'avion mais pas parce qu'on pourrait se scratcher, non, j'ai peur de la hauteur, j'ai le vertige en fait. Alors, après que tu nous aies dit de réfléchir à une solution, j'ai demandé à mes parents de passer une nuit dans une cabane perchée à 8m de haut. Comme ça, je vais affronter ma peur !".
En une semaine déjà, les résultats étaient très prometteurs. Je demandais donc au groupe de prendre le temps de dessiner leur solution et de venir m'expliquer leur dessin. Chacun de ces dessins seraient ensuite réutilisés en fin de période pour leur offrir un beau diplôme "anti-frousses" ! Plusieurs enfants ne trouvant pas de solutions réconfortantes à leur peur vinrent me voir. Je leur expliquais qu'ils pouvaient imaginer plusieurs scénarios : soit parler à l'objet de leur peur (les araignées, une vieille mamie, un inconnu, ...) et s'apercevoir qu'en fait, il n'était pas si méchant et avait tout aussi peur qu'eux, soit il pouvait trouver quelque chose ou quelqu'un qui viendrait les rassurer dans ces moments là. Une dizaine de minutes plus tard, deux petites filles revinrent me voir et m'expliquèrent, toutes excitées : "ça y est Eva, j'ai trouvé ! quand j'aurai peur, j’appellerai mon ange gardien, et je vais l'appeler Jean-Micheline" et la seconde de continuer : "et moi, je vais imaginer pleins d'étoiles et de planètes dans ma chambre et une super-héroïne !". La phase initiale d'identification de leurs peurs et la capacité à trouver eux-même une solution à ces peurs semble fonctionner. La semaine prochaine, nous aborderons donc des outils pour faire face à ces peurs !!
