Terreurs nocturnes et yoga

Tout commence lors d'un cours de yoga donné à des enfants un samedi matin à l'ecolieu Jeanot (40). Nous terminions la séance et je propose aux enfants de s'allonger, de fermer les yeux pour faire une petite relaxation.

C'est alors que Chloé (le nom a été changé pour conserver l'anonymat de cet enfant) refuse de s'allonger, se recroqueville dans un coin de la salle et refuse catégoriquement de me parler. Elle s’enfuira même en courant lorsque j'essaierai de parler avec elle à la fin de l'atelier. Soucieuse de ce que j'avais pu dire ou faire qui provoque cette réaction, je suis allée rencontrer sa maman pour lui expliquer la situation. Elle m'explique alors que sa fille de 8 ans faisait depuis plusieurs années des terreurs nocturnes mais qu'elle refuse d'en parler. Nous décidons donc de mener cinq séances qui auront pour double objectifs de :

- donner à Chloé des outils pour faire face à ses peurs

- recréer un lien de confiance entre Chloé et ses parents pour qu'elle arrive à leur parler

Première et deuxième séance : énoncer ses peurs

Avant de commencer à parler de ses peurs, je lui proposais une rapide introspection et centrage grâce à la respiration.

On frotte ses deux mains l’une contre l’autre et on les place comme deux petits coquillages, sur les yeux pour les détendre

Puis, en gardant les mains sur les yeux, on ouvre les yeux. Il faut qu’il fasse noir dans les mains

On pose ensuite la main gauche sur le genou gauche et on vient boucher la narine droite avec la tranche de la main droite

On respire alors la lumière avec la narine gauche et on la fait circuler dans tout le côté gauche

Puis, je lui demandais de passer par le dessin ce dont elle avait peur.

Il est possible de transformer une émotion négative en quelque chose de constructif. En permettant à vos enfants d’exprimer son mal-être par le dessin, vous lui ferez découvrir qu’il est tout à fait capable de trouver en lui ce déclic qui lui permettra de rebondir.

Je proposais donc à Chloé de dessiner ce qui l'empêchait de dormir sur le côté gauche de sa feuille et après de nombreux échanges, qu'elle dessine sur la partie de droite, des solutions à ses peurs.

Nous terminions chaque séance par de l'expression corporelle pour se calmer tout seul et des massages et une relaxation ; éléments que je développerai dans un prochain post.

Le récit de Chloé

Chloé a donc pris sa feuille et a immédiatement dessiné un « Monsieur Tout Noir ». Je lui ai donc demandé qui était ce monsieur et d’autres questions au fur et à mesure. Voici un condensé : « Monsieur Tout Noir est un monsieur qui me fait peur. J’ai peur qu’il me prenne pour son goûter avec ses copains. Il vient dans mes cauchemars et il me dit : Je vais te manger. C’est une ombre vivante. Mais il a un ami, un vrai monsieur et si Monsieur Tout Noir m’attrape, ils vont me manger tous les deux ».

Nous avons donc cherché des solutions. Je lui ai demandé :

- « Mais, est-ce que tu lui as demandé s’il voulait bien enlevé son masque ?

- Non

- Alors, une première solution serait de lui demander d’enlever son masque

- Oui". (solution 1)

- « Tu me dis qu’il veut te manger mais comment en es-tu sure ? As-tu déjà essayé de lui parler ? » Si tu pouvais lui parler, que lui demanderais-tu ?

- Je lui demanderai pourquoi il vient me faire peur

- Et s’il te répond qu’il vient parce qu’il a faim ?

- Eh bien, je pourrai lui demander s’il ne veut pas manger autre chose que moi, de la viande.

- Oui, excellente idée ! Et tu pourrais lui préparer un plat de viande toi ?

- Oui, mais moi je ne sais pas cuisiner !

- Tu pourrais demander à papa ou maman de t’aider à cuisiner non ?

- Oui !" (solution 2)

Enfin, au détour de la conversation, Chloé me dit :

- « Oui, mais un fois il m’a dit qu’il voulait jouer avec moi. Mais moi, je ne le crois pas. Il veut me manger avec son ami le vrai Monsieur.

- S’il t’a dit une fois qu’il voulait jouer avec toi, peut-être qu’il veut être ton ami ! Tu lui as déjà demandé ?

- Non

-Tu aimerais lui demander ?

- Oui !" (solution 3)

Troisième séance : passer à l'action

La semaine suivante, n'ayant pas revu Monsieur Tout Noir, elle n’a pas pu lui demander s’il voulait bien devenir son ami. Je propose alors à Chloé de passer à l'action. En plus des trois solutions qu'elle a identifiées et qui pourront être mis en œuvre lorsqu'elle éprouve des angoisses, elle va être amenée à poser des intentions de guérison.

Les intentions sont essentiels dans la résolution des problématiques que nous rencontrons, enfants comme adultes, dans la vie de tous les jours. Il s'agit de se mettre dans l'état d'esprit et l'attitude face à notre vie de totale acceptation mais aussi de savoir que nous sommes complétement responsable de nos vies et qu'il n'appartient qu'à nous de la changer ; et cela commence par notre manière de voir les choses.

Je demande donc l'activité de la "poubelle" qui consiste à écrire sur un papier ce que l’on ne veut plus et ce que l'on veut. D'un côté, on le froisse en pensant très fort à ce qu’on a écrit et on le jette dans la poubelle, d'un autre côté, on plie délicatement le papier. A chaque fois, on répète :

« aujourd’hui, à partir d’aujourd’hui, je ne veux plus … »

ou

« aujourd’hui, à partir d’aujourd’hui, je veux… »

Chloé a écrit :